Éléments techniques
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ÉLÉMENTS TECHNIQUES SUR LE RAID MONTAGNE STRATÉGIE

Les Raids Montagne proposés par la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) se déroulent de mai à septembre. La saison comporte une dizaine de compétitions.

Les épreuves d’un concept original s’adressent à tous et attirent un public varié, licencié ou non, intéressé par un bon classement en coupe de France ou simplement par une aventure ludique.

Voici quelques bases techniques pour tous ceux qui veulent progresser dans la discipline, simplement l’essayer ou s’entraîner pour des activités connexes.

 

- Le présent article n’a pas la prétention de traiter au fond l’ensemble des techniques susceptibles d’être utilisées en Raid Montagne, une telle entreprise demanderait un manuel volumineux compilant le contenu de documents sur l’orientation et de ceux traitant de la progression en montagne.

Il s’agit ici d’évoquer les points essentiels sur lesquels les compétiteurs pourront travailler pour progresser dans cette discipline de pleine nature qui présente un grand intérêt sportif mais aussi, comme on le verra plus loin, passionnante pour ceux qui aiment mettre en jeu leurs capacités intellectuelles.

Il paraît utile en premier lieu de rappeler la philosophie du Raid Montagne qui consiste à "coller" au mieux aux activités habituelles des randonneurs de montagne et à leur formation.

Un principe fondamental de sécurité en montagne exige d’organiser des sorties adaptées au niveau des participants et aux circonstances. Il s’agit généralement d’établir un itinéraire à réaliser en temps limité en tenant compte de nombreux facteurs : capacités des hommes, difficultés du terrain (notamment celles liées à la dénivelée), prévisions météorologiques….

Les concepteurs du Raid Montagne ont souhaité mettre en application sous forme de compétition ce principe fondamental qui réside dans la nécessité de bien gérer le temps et, pour permettre la participation du plus grand nombre, le terrain choisi n’exige pas l’utilisation d’équipements spéciaux.

 

- L’épreuve consiste à établir puis à effectuer en temps limité un parcours en montagne à partir de points de passage facultatifs prévus par les organisateurs et matérialisés par des "cairns " (petite pyramide en tissus jaune et bleu munie d’une pince). Les équipiers peuvent raccourcir ou rallonger leur parcours à tout moment.

Les cairns découverts rapportent des points fonction de la difficulté qu’ils représentent pour les atteindre (10, 20 ou 30 points) et les dépassements de temps impartis en font perdre. C’est le nombre de points obtenus qui détermine le classement.

 

- La philosophie rappelée ci-dessus a plusieurs conséquences importantes :

- Le terrain choisi peut être de haute ou de moyenne montagne où la dénivelée est suffisante pour jouer un rôle déterminant dans les choix d’itinéraire.

- La carte fournie aux concurrents est la carte IGN au 1/25000 habituellement utilisée par les randonneurs et couvrant tout le territoire national. La participation aux Raids Montagne se révèle un excellent entraînement pour tous ceux qui utilisent cette carte IGN en loisirs ou au cours de compétitions comme les raids multiactivités.

- Les équipements obligatoires transportés par les concurrents dont la liste est donnée dans le règlement sont ceux habituellement utilisés par les randonneurs évoluant dans un domaine de montagne où les équipements spéciaux ne sont pas nécessaires. A noter qu’en dehors des moyens de communication (téléphone portable par exemple) il n’y a pas d’interdiction ; les équipes peuvent utiliser des équipements comme le podomètre, le chronomètre, l’altimètre (non obligatoire mais conseillé, on y reviendra), le GPS….

- Les cairns sont disposés en des points très caractéristiques du terrain et aisés à découvrir, leur recherche n’exige aucune technique compliquée d’orientation (visée précise à la boussole….). Ils ne servent qu’à jalonner les différents parcours pouvant être choisis par les concurrents.

- Ces différents parcours possibles (ils sont nombreux) ne présentent donc pas plus de difficulté en orientation que ceux effectués par des montagnards à l’occasion d’une randonnée hors des sentiers balisés.

 

 

- Rentrons un peu plus dans la technique :

En Raid Montagne la principale difficulté ne réside donc pas dans l’orientation mais dans le choix du parcours à adapter au mieux avec le niveau de l’équipe.

Dans ce contexte rappelons tout d’abord la notion très importante de km/effort.

Entre deux points (deux cairns par exemple) les km/effort sont calculés de la manière suivante : Km/effort = Somme de la distance topographique en km (1) et de la dénivelée positive entre les deux points en centaines de mètres.

Par exemple pour deux points éloignés de 4 km et dont la dénivelée positive est de 330m les km/effort sont : 4+3,3=7,3.

Les cairns (12 à 16 par secteur de 2h à 2h30) sont actuellement disposés de telle sorte que le parcours à réaliser pour les découvrir tous dans le temps imparti représente 9 km/effort par heure. Aucune équipe ne réalise pour l’instant cette performance ce qui implique que même les meilleures sont obligées de faire des choix.

Par contre le règlement stipule que pour être classé, il suffit de poinçonner 3 cairns par secteur (ce qui représente généralement environ 3 km/effort par heure voire moins). On se rend compte immédiatement que l’épreuve est adaptée à tous les niveaux de pratique.

La détermination des km/effort est très importante pour évaluer la difficulté d’un parcours même si la formule théorique ci-dessus n’est pas parfaitement exacte dans la pratique. Elle donne une bonne base à pondérer en fonction du terrain (possibilité de progresser hors des chemins ou non, gêne pour la progression….).

Il apparaît à l’évidence que pour progresser les compétiteurs devront apprendre à utiliser cette formule :

L’équipe devra connaître ses capacités en terme de km/effort par heure qu’elle est capable de réaliser sur de longues distances et elle devra apprendre à évaluer rapidement les km/effort de différents parcours (il n’est pas nécessaire d’être en course pour se livrer à cet entraînement qui peut se faire chez soi devant une carte).

Les départs précipités sont à proscrire car une réflexion s’impose d’autant que les points rapportés par les cairns varient du simple au triple. Tout le long du parcours les équipiers doivent vérifier si le déplacement se réalise de manière conforme aux prévisions et prendre les décisions qui s’imposent.

Il est conseillé surtout lors des premières participations d’être prudent en départ de course et de prévoir son parcours à partir d’un nombre de km/effort assez modeste. Ce n’est généralement pas un gros handicap de passer en avance (sans exagération) aux contrôles intermédiaires car on bénéficie du temps restant pour les autres secteurs. Par contre être obligé de forcer dans la première partie de l’épreuve et/ou être pénalisé ce n’est jamais très bon.

Exemple concret : une équipe peu expérimentée qui part pour un premier secteur de deux heures et qui estime être capable de progresser à 6 km/effort par heure fera bien de prévoir un parcours de 10 km/effort maximum (base 5 km/effort par heure).

On voit donc que la part intellectuelle n’est pas négligeable dans le niveau de performance ; la stratégie de course a une grande importance.

 

- Comme on l’a vu, l’épreuve consiste à réaliser un parcours ne présentant pas de grandes difficultés d’orientation. Il faut cependant être vigilant pour déjouer les pièges dus aux imperfections de la carte IGN au 1/25000 notamment pour ce qui concerne le réseau de chemins pouvant être assez dense en moyenne montagne (zones forestières).

Quelques techniques permettent d’éviter les grosses erreurs :

Les équipes auront avantage à connaître les distances parcourues depuis un point sûr, notamment sur chemins. Le chronomètre (de préférence au podomètre) permet de les apprécier avec une bonne approximation lorsque l’on a une idée assez précise de sa vitesse de déplacement.

Les compétiteurs doivent s’entraîner à déterminer leur vitesse dans différentes configurations (terrain plat, montées et descentes plus ou moins raides…). Ensuite un peu de calcul mental simple permet de calculer la distance parcourue : à 6 km/heure on parcourt 100m par minute, à 5km/heure 80m…

 

(1) calculée "à vol d’oiseau".

 

La boussole donne de bonnes indications lorsque le réseau de chemins ne correspond pas à la carte (il arrive fréquemment par exemple qu’à un carrefour il existe plus de chemins sur le terrain que sur la carte). La boussole permet en principe de prendre la bonne direction mais il faudra régulièrement vérifier la direction du chemin.

L’altimètre donne également des indications précieuses. Si un chemin coupe 6 courbes de niveau en 500m et que pour cette distance parcourue l’altimètre n’indique qu’une variation de 30m c’est qu’il y a un problème, on est certainement pas sur le bon chemin. De même si un carrefour se trouve à l’altitude 1380m et que l’on en trouve un à 1350m, ce n’est certainement pas le bon.

Un bon altimètre bien utilisé (recalé chaque fois que c’est possible) est précis à moins de 10m près, mais là aussi il est important de pratiquer. A l’entraînement il faut l’utiliser même quand il n’y a pas nécessité.

Il n’y a pas que sur chemins que l’altimètre est précieux. Il permet de lever le doute entre deux mouvements de terrains (petits sommets par exemple) proches mais d’altitudes différentes, il donne aussi de bonnes indications lorsque la représentation du relief présente des lacunes ce qui n’est pas rare sur la carte IGN (petit sommet présenté comme une avancée…).

Sur les flancs montagneux raides un petit écart en azimut se traduit par une différence d’altitude non négligeable, si de plus les repères topographiques sont rares ou de représentation douteuse il faudra surtout faire confiance à l’altimètre. Soulignons une évidence : plus la pente est raide plus une ligne de position donnée par l’altitude est précise.

Lorsque la visibilité est mauvaise la boussole est nécessaire mais pas toujours suffisante en montagne, notamment quand les obstacles du terrain, qui apparaissent rarement sur la carte, obligent à effectuer de nombreux détours. Dans ce cas l’altimètre se révélera un complément très précieux. Beaucoup de montagnards vous diront que pour trouver un refuge dans le brouillard l’association boussole - altimètre est souvent nécessaire ! 

L’altimètre n’est pas indispensable pour participer à un raid montagne, surtout si on a pas de grandes ambitions, mais bien utilisé,  il peut donner un avantage certain en permettant d’éviter de grosses pertes de temps.

Il est bon aussi de savoir apprécier une pente en fonction de l’écartement des courbes de niveau ; on évitera ainsi les pentes trop abruptes en choisissant des itinéraires quelquefois plus longs mais plus facilement réalisables. Lorsque les courbes sont très serrées, il n’est pas rare de se trouver sur le terrain en présence d’une barrière rocheuse.

- La pratique du Raid Montagne apprend à apprécier la difficulté d’un parcours et permet d’acquérir ou d’améliorer l’autonomie dans les déplacements en milieu montagne, elle permet aussi de progresser dans l’alimentation, le choix du matériel qui doit être léger tout en rendant les services attendus…. La participation régulière aux épreuves est donc très formatrice.

Il y aurait encore beaucoup à dire mais la prise en compte des éléments techniques évoqués ci-dessus permettra aux compétiteurs de progresser de manière sensible et, comme dans beaucoup d’activités, plus vous vous perfectionnerez plus vous trouverez du plaisir.